Prisonniers militaires libérés après le 15 juillet 1954

Les circonstances :

Les libérations se déroulèrent après la la conférence de TRUN GIA et concernèrent 6319 prisonniers.

Les lieux de libération ont été :

  • VIETRI ( nord-ouest du delta tonkinois ) pour les captifs des camps du nord dont le camp n°1.
  • SAMSON, « plage » de THAN-HOA, dans la province de même nom, en NORD-ANNAM, à l’embouchure du fleuve MA.
  • QUI-NHON, au SUD-ANNAM.

A VIETRI ont été rendus, entre août et septembre 1954 les prisonniers des camps du NORD-TONKIN, capturés au TONKIN et à sa périphérie, au NORD-LAOS et en ANNAM (régions nord et centre), et une partie des survivants de DIEN-BIEN-PHU.

A SAMSON ont été libérés les sous-officiers et soldats capturés au sud de la ligne HANOÏ-HAÏPHONG et ceux de DIEN-BIEN-PHU dirigés vers les camps du THAN-HOA, des officiers venant du sud et du centre de l’ANNAM, 4 officiers venant du THAN-HOA. Le1er septembre 1954 avaient été libérés sur la plage, depuis la fin juillet environ 2300 prisonniers dont 11 officiers. A partir du 15 septembre jusqu’à mi-octobre des prisonniers du LAOS ont été rendus, les viêts ayant fait valoir que le LAOS étant indépendant, les prisonniers des rebelles laotiens ne pouvaient être mélangés avec ceux du viêt-minh, raisonnement parfaitement spécieux et démenti par les faits.

A QUI-NHON ont retrouvé au mois d’août 1954 les prisonniers provenant de l’encadrement d’unités supplétives, de commandos , de parachutistes vietnamiens et surtout du groupement mobile n°100 constitué à partir du régiment de Corée renforcé par des unités toutes armes prélevées sur le corps expéditionnaire, toutes ces formations ayant subi des pertes sévères en ANNAM du sud et sur les Hauts-Plateaux Montagnards.

Des données précises manquent mais les estimations permettent d’avancer avec grande réserve les nombres de :

  • 1800 libérés à VIETRI
  • 2700 libérés à SAMSON
  • 1000 libérés à QUI-NHON

Ces données n’aboutissent pas au nombre de prisonniers effectivement libérés mais il y a vraisemblablement des petits détachements de captifs ou des isolés qui ont pu rejoindre nos lignes en d’autres endroits.

L’accueil des prisonniers libérés :

Les prisonniers sont rassemblés à proximité des lieux d’embarquement, les évacuations se faisant par voies fluviales et maritimes avec les moyens de la marine nationale. Dans le cas particulier de SAMSON les prisonniers ont fait parfois l’objet de transbordements sur des navires civils attendant au large dont le Skogum, le Skubrin et le liberty-ship Le Brest, qui avaient ramenés des prisonniers viêts libérés en provenance d’HAÏPHONG.

La commission de contrôle est constituée par des polonais et des hindous. Ils font preuve d’indifférence si ce n’est de mépris pour les français, aucun des membres de ces commissions n’a été vu visitant un lieu de rapatriement, les polonais en bons communistes se doivent de considérer les français comme des colonialistes affectés de tous les défauts et les hindous ont une attitude pleine d’antipathie pour le corps expéditionnaire.

Cette attitude a conduit le gouvernement indien a interdire la présence à bord des avions survolant leur territoire de passagers militaires même pour des vols à caractère sanitaire comme le rapatriement de prisonniers libérés. Les sympathie de la commission vont au viêt-minh.

Avant la montée à bord des bâtiments de la marine des prisonniers des représentants de l’armée avec des membres du personnel de santé sont autorisés à voir les futurs embarqués pour un inventaire et un constat d’état sanitaire afin de définir des priorités pour les soins. Ce personnel monte beaucoup de froideur dans ses rapports avec les libérables et l’accueil chaleureux des marins sur les bateaux efface le malaise causé par l’inspection à terre. Il n’existe évidemment aucune cellules de soutien psychologique. Ce soutien psychologique était de lui-même apporté par le plaisir de quitter l’enfer démocratique populaire et de penser aux bienfaits de la liberté.

Des cas particuliers peuvent exister mais il n’y a pas de service social à bord des navires de débarquement servant aux évacuations. Il y a un détachement de liaison avec un officier ou un sous-officier dont le rôle auprès des passagers est assez vague. Sur les gros navires entre SAMSON et HAÏPHONG la présence d’une représentante du personnel féminin de l’armée de terre et d’un officier ou sous-officier tient lieu de service social.

En 1954, à leur arrivée dans le port de débarquement (par exemple HANOÏ et HAÏPHONG pour les prisonniers du Tonkin, Than-Hoa et Nord Laos) un détachement rend les honneurs et de multiples autorités de grades parfois élevé assurent un accueil vite abrégé par le transport en véhicules sanitaires vers les hôpitaux où est effectué le tri des gens et leur envoi en hospitalisation ou en centre d’accueil ou de repos.

Il convient de citer que sur la totalité des prisonniers libérés (10754) 6132 durent être hospitalisés pour des durées de quelques jours, quelques semaines souvent et quelques mois parfois. Parmi les hospitalisés, dans les premiers jours 61 ne survécurent pas.

A l’hôpital CIAIS d’HAÏPHONG les malades ont droit le lendemain ou surlendemain de l’arrivée à un passage de dames bénévoles de la croix rouge qui se chargent de faire parvenir un message à la famille et apportent des articles de toilette. Il se peut que la sécurité militaire procède à quelques interrogatoires mais l’état-major délègue des enquêteurs de rang hiérarchique supérieur à celui qui doit être interrogé pour connaître des détails sur les conditions de capture avec parfois une indifférence choquante devant l’évocation des pertes au combat et en captivité et devant les conditions vécues dans les camps. Il y a un fossé d’incompréhension entre les anciens prisonniers et beaucoup de militaires, en particulier ceux qui ont peu connu les affrontements avec les viêts.

Les libérés subissent une visite médicale et les plus valides qui ont besoins de petits soins courants et surtout d’une bonne nourriture vont vers des centres de repos comme VATCHAÏ au Tonkin ou DALAT au nord de la Cochinchine. Ceux qui n’ont que quelques jours d’hôpital ont le même sort.

Les hospitalisés, sauf évidemment ceux dont l’état nécessite des soins de longue durée se retrouvent à DALAT qui devient le point de passage obligé de tous les futurs rapatriés sauf cas exceptionnels. L’hôpital installé à côté de l’Ecole d’Enfants de Troupe reçoit des malades ayant quitté les hôpitaux du nord sans être guéris. C’est à DALAT que beaucoup réapprennent à vivre.

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